Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/195

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que celles d’autrefois, on peut vivre huit siècles plus tôt, surtout lorsqu’on se rend, ainsi que je le fais, en pèlerinage vers le temple auquel elles aboutissent.

Les plaines ondulent jusqu’à l’horizon. Les grands trous, creusés à droite et à gauche de ces digues pour en fournir la terre, sont devenus des étangs que des bouquets d’arbres ombragent. Il s’en échappe des bandes de canards mandarins, des aigrettes et des grues à tête rouge. Des lotus et de belles fleurs mauves aux pétales aiguës y fleurissent.

Depuis des siècles, les caravanes trouvent dans ces bassins artificiels l’eau et un peu de fraîcheur. En forêt, la chaussée change de caractère. Elle est marquée d’une ligne de verdure plus intense et plus inextricable que les environs.

Lorsqu’elle rencontre une rivière, on voit encore les ponts anciens ou leurs traces. Ils sont toutefois presque toujours en bon état. Hier j’ai passé sur le Spean Töp qui traverse le Stung Sreng. Ce pont remarquable mesure plus de cent-cinquante mètres de long. Il domine les eaux basses de plus de dix mètres de hauteur, et compte vingt-sept arches. Le fleuve coule en torrent entre les piles resserrées et tombé