Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/30

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sanctuaire.

Les bonzes contemplaient ce spectacle en fumant. Ils se sont installés dans ce site de rêve, au pied de la muraille de roches énormes enguirlandée de verdure. La température y est toujours fraîche. Le fleuve s’étale au loin. Sous les arbres fleuris, l’antique et minuscule sanctuaire, ciselé comme une châsse, abrite le Bouddha, après avoir ruisselé jadis de l’eau des lingas. Et rien ne trouble cette paix aérienne, ni le hurlement des chiens, ni les paroles des hommes, ni les vains bruits de la terre.

Cette journée de soleil s’est achevée sous un ciel gris. La montagne Lingaparvata profilait sa masse, tel un lion couché, la tête mi-levée. Ses flancs qu’embuait une brume transparente étaient d’un bleu tragique. Et un ciel aux tons d’étain brillait dans l’eau figée des rizières.


V

18 juin.

Au delà du perron monumental édifié en bordure du lac, commence aussitôt la longue avenue d’accès, orientée selon la marche du soleil. En