Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/64

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entrées monumentales, formant chacune une étape au sommet d’un escalier. Elles sont toutes de l’invariable plan crucial et fermaient par de larges portes en bois, dont il ne reste plus que les mortaises des gonds dans les dalles des seuils.

Nous ne sommes qu’aux abords. Un miroitement -vert illumine le fond obscur d’une haute futaie : c’est le bassin sacré creusé dans le grès. Et tout à coup l’admirable Naga surgit. Mais ici, les sculpteurs conçurent le plus grand, le plus noble de leurs Nagas. Il redresse ses têtes à trois mètres au-dessus des dalles. Et l’on croit voir dans le brouillard la grande main ouverte d’un dieu se lever et faire un geste grave.

C’est en vain qu’ici l’homme profanateur a taillé dans le vert frémissement de la forêt. Le lieu trop lointain, trop dangereux, perdu dans le ciel, a aussitôt cicatrisé ses plaies. Toutefois, nous ne sommes pas encore au sommet et les vents âpres et perpétuels ne font qu’effleurer les choses. Aussi les chaussées, le bassin sacré, les perrons écroulés, les escaliers semblables à des torrents de pierres, les édifices secondaires, les enceintes, les colonnes, les pignons, le moindre rinceau ont leur