Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/73

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Cette foule inspirée ne se modifiant plus, allait vers la mort, fatalement. Elle s’est écroulée d’un seul coup avec ses édifices, comme elle s’était dressée. Est-ce de la faiblesse, cela ? N’est-ce pas plutôt, au contraire, le signe d’une force non pareille ? Quel est le peuple qui durant dix siècles, ait conservé une idée intacte, une religion souveraine, un idéal unique, un art immobile dans sa beauté, malgré toutes les évolutions possibles, et qui soit tombé d’un seul bloc ? Peut-on évaluer, avec les aspirations changeantes d’un civilisé, l’extraordinaire vitalité de cette flamme passant de sanctuaire en sanctuaire, et pour laquelle à la veille du jour où elle allait s’éteindre, — on achevait les tours d’Angkor Vat ?