Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/93

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cathédrales de France. Enfin, c’est par milliers que furent brisées, profanées, dispersées, les statues en toutes matières qui habitaient jadis ce temple.

M’étendre davantage sur ce sujet serait inutile. Ni la parole, ni l’image, ni les chiffres ne peuvent donner une idée d’un tel ensemble. Il faut y être. Il faut y vivre. Il faut le voir tantôt dans le soleil éclatant du jour, tantôt dans l’ensanglantement vespéral. Il faut monter les grands escaliers, dominer la mer de verdure, demeurer des heures débarrassé de toute préoccupation, parmi les colonnes encore colorées des ors antiques. Il faut y voir aussi les neiges verdâtres de la lune.

Quelques bonzes en robe jaune errent parfois, sans bruit, ou bien se couchent sous un portique et lisent d’une voix chantante les saints manuscrits. Et sur la chaussée, entre la reptation brisée des Nagas, apparaissent, les jours de fête, des files de pèlerins annamites, chinois, siamois, birmans, cambodgiens, chargés d’offrandes et vêtus d’étoffes multicolores.

C’est ainsi, dans ce cadre, dans cette atmosphère, qu’il convient de contempler Angkor pour le connaître. Chaque coin du labyrinthe