Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/95

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parce que les besoins auxquels elle répondait étaient définitifs : ils abandonnèrent donc cette charrette à leurs artistes.

Le timon en simple bois fut alors exécuté dans des essences précieuses. La pointe relevée pour ne pas accrocher les herbes, fut un prétexte d’élégance. Elle se dressa en volute, en coquille, puis en l’épanouissement superbe du Naga. De place en place, des anneaux d’or ou d’argent ciselés, cerclèrent les montants. Les côtés furent ouvragés, ajourés, incrustés. L’essieu et sa gaine même, sortirent de la gueule du monstre légendaire Rahut.

On suit, de la sorte, un processus intellectuel : tous les métiers d’une corporation s’ingéniant à multiplier les aspects d’un objet, variant leurs procédés de décorations, les matières employées, s’élevant, se perfectionnant jusqu’à un suprême degré. Il en fut de même pour tout ce qui servait au peuple khmer. J’ai relevé sur les bas-reliefs plus de dix sortes de bâts d’éléphant, aussi gracieux, aussi beaux les uns que les autres, mais en définitif, tous relevant du même principe. Combien avons-nous de formes de selle, nous ? Une. Mais il paraît qu’elle réalise le summum du confort. Sur le dos d’un cheval, elle