Page:Groulx - Chez nos ancêtres, 1920.djvu/28

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les plus glorieuses, qui nous ont élevé contre l’envahisseur une frontière de berceaux. Et celles-là attendront longtemps, attendront toujours, parce que vous, ô pieuses et douces aïeules, ô nos mamans bien-aimées, les décorations humaines n’ont pas assez d’honneur pour vous honorer.

Et pourtant j’appelle le jour où, sur une de nos places publiques, la plus gracieuse, la plus fleurie, la plus ensoleillée, se dressera la statue de la femme auguste par qui la Nouvelle-France est née et a survécu. Je la rêve, cette statue, sculptée par un grand artiste plein de piété et d’amour ; je la rêve sans autre beauté que la beauté simple de son exemplaire, dans l’attrait du vieux costume, avec les traits fins de la race et, par tout l’être, l’élan lyrique de sa vaillance. D’une main, si l’on veut, elle montrera le ciel, appui de son devoir, et, de l’autre, la théorie généreuse de sa descendance, ardente et pathétique comme une gloire du Panthéon et, comme elle, s’élançant à la conquête de l’avenir.

L’habitant canadien aime beaucoup sa famille. Il aime aussi beaucoup sa terre qu’il a faite, en tout ou en partie, pouce par pouce, pied par pied, qui lui permet de mettre du pain sur sa table, qui chaque jour réunit en corvée joyeuse la bande de ses enfants et sa femme elle-même, dure aux travaux des champs comme à ceux de la maison. L’une des caractéristiques de la famille canadienne