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ÉCHEC ET TRISTESSE

et bronzés des Lantagnac, l’équilibre de la conformation physique, en revanche l’aînée des filles et le cadet des fils, tous deux de chevelure et de teint blonds, plutôt élancés, quelque peu filiformes, reproduisaient une ressemblance frappante avec leur mère.

— Une fois de plus les formes intérieures de la vie, les modalités de l’âme auraient donc façonné, sculpté l’enveloppe charnelle, se disait le pauvre père.

Dans le temps, Lantagnac s’en souvenait, sa découverte l’avait atterré. Involontairement il s’était rappelé un mot de Barrès : « Le sang des races reste identique à travers les siècles ! » Et le malheureux père se surprenait à ruminer souvent cette pénible réflexion :

— Mais il serait donc vrai le désordre mental, le dédoublement psychologique des races mêlées !

Il se rappelait aussi une parole terrible du Père Fabien, un jour que tous deux discutaient le problème des mariages mixtes :

— Qui sait, avait dit le Père, avec une franchise plutôt rude, qui sait si notre ancienne noblesse canadienne n’a pas dû sa déchéance au mélange des sangs qu’elle a trop facilement accepté, trop souvent recherché ? Certes, un psychologue eut trouvé le plus vif intérêt à observer leurs descendants. Ne vous paraît-il pas, mon ami, qu’il y a quelque chose de trouble, de follement anarchique, dans le passé de ces vieilles familles ? Comment expliquez-vous le