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L’APPEL DE LA RACE

n’était un si digne homme, ajouta-t-il, je dirais : encore un coup de tête !

Madame de Lantagnac leva les yeux vers son mari ; leurs regards se rencontrèrent, gênés, et s’évitèrent aussitôt. Lantagnac regarda son beau-frère. Celui-ci, les yeux bien au fond de son assiette, s’occupait de manger tout en poussant volontiers le débat. Virginia, seule, pour le moment, lui tenait tête.

— Vous avez une singulière façon, mon oncle, reprenait-elle, d’apprécier le courage. Moi, je crois à la sincérité qui se prouve par des sacrifices.

— Oh ! il y a aussi la galerie, mon enfant, répondit un peu durement Duffin ; il y a la galerie et les applaudissements que les bons acteurs connaissent bien, et dont ils se grisent. C’est un sport comme un autre, vois-tu. On démissionne aussi pour se faire applaudir.

Lantagnac pâlit un peu.

— Pardonnez, mon oncle, reprenait encore Virginia, c’est un sport moins couru que le golf et auquel ne s’adonnent d’habitude que les hommes de cœur.

Amateur passionné du golf, Duffin se sentit vivement piqué. Son naturel esprit de disputeur le poussa-t-il, ce soir-là, à foncer tout droit dans le débat, pour le plaisir d’exciter Lantagnac ? Ou bien, connaissant les nouvelles convictions de son beau-frère, voulut-il en sonder la solidité, forcer le néophyte à arborer ses couleurs ? Ou bien