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Page:Groulx - Les rapaillages, 1916.djvu/9

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LES RAPAILLAGES

« Un orgue ébranle en nous le son des épopées :
« Nous respirons vers Dieu la prière du sol !

« Prier, chanter avec la brise aérienne,
« Et l’âme du terroir et l’âme des aïeux ;
« Et puis, se souvenir afin qu’on se souvienne,
« Voilà par quels devoirs l’on grandit jusqu’aux cieux ! »



Ainsi, dans la forêt, près des bruyères roses,
M’ont parlé l’autre jour les grands érables verts.
Et, songeur, j’ai connu le prix des nobles choses
Qui font les peuples grands, plus grands que leurs revers.

Ils gardent l’avenir ceux qui gardent l’histoire,
Ceux dont la souvenance est sans mauvais remords,
Et qui, près des tombeaux où sommeille la gloire,
À l’âme des vivants, mêlent l’âme des morts.

Ils le gardent surtout ceux dont les lèvres fières
Ont gardé les refrains du parler maternel :
Épopée ou romance où l’âme de nos pères
Vient prier et vibrer d’un accent éternel.