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deuxième volume 1915-1920

Encore au souvenir de ces cours, Michelle Le Normand confiait au Devoir du 9 mars 1938 ces propos (c’était après l’une de mes conférences à Ottawa) :

En rentrant, malgré moi, je repensais… à l’ancienne et pauvre Université de Montréal et à ces premiers cours d’histoire que je suivis. D’un soir à l’autre, ma jeunesse s’éveillait un peu plus ; ma jeunesse se formait une conscience « nationale ». D’un soir à l’autre, l’amour de mon pays grandissait en moi avec le respect, la fierté du passé qui doit toujours engager le présent… L’école de ce prêtre — que Dieu bénisse — façonnait, en même temps que mon âme, celle d’un grand nombre de jeunes de ma génération…

Combien de lettres, dans le cours de ma vie, me viendront qui me rediront la même joie de mes jeunes contemporains ! Eh oui ! ces premiers et pauvres cours d’histoire provoquèrent quelques heures d’exaltation. Excellent phénomène pour les professeurs d’histoire de la littérature qui auraient besoin de démontrer, une fois de plus, la part du milieu, du moment, dans le succès d’une entreprise intellectuelle. Ces cinq plaquettes de mon premier cours d’histoire à l’Université montréalaise, j’en possède encore deux exemplaires reliés sous même couverture. Je ne les relis pas souvent et je ne les ai jamais relues sans un profond sentiment de malaise : ce malaise qu’un auteur éprouve devant une œuvre qui a eu quelque succès et dont il ne peut se cacher la déplorable insuffisance.

Quelques jours à peine après l’article de M. Héroux, une adhésion, qu’on peut dire inattendue et pour cela même presque retentissante, achève de gagner la partie. L’adhésion vient d’un homme dont on l’attendait peu et d’un lieu d’où l’on pouvait l’attendre encore moins. Le 7 décembre, Le Canada, journal montréalais, publie une lettre de l’honorable Tom-Chase Casgrain, ministre des Postes à Ottawa, lettre datée du 1er du