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premier volume 1878-1915

où j’ai passé, en guise de compliment. Une religieuse de Sainte-Croix l’a même mis en musique. Poème où se trouvent peut-être quelques vers de passable venue, mais qui mérite comme quelques autres cette boutade d’Olivar Asselin déjà citée : « Ses vers valent les miens ! » Ma justification est d’avoir terminé là ma carrière de poète.

Toujours au Bulletin du Parler français, pressé par Adjutor Rivard d’y collaborer, je donne deux de mes premiers contes, début, sans que je m’en doute, des futurs Rapaillages, « Les Adieux de la Grise » et « Le vieux livre de messe ». Deux contes qui répondent à ce besoin irrésistible d’évasion qui m’entraînera loin, jusqu’à écrire deux romans et même jusqu’à rimer des vers.

Un jour, Mère Sainte-Anne-Marie de la Congrégation de Notre-Dame m’arrive à Valleyfield. Femme intelligente et hardie, elle vient de fonder le premier Collège d’enseignement secondaire de filles. Pour son Collège naissant, elle veut quelques cours d’histoire du Canada et de littérature que je n’ose lui refuser.

Arrêtons-nous là. Rien de cet éparpillement ne m’a fait négliger, du moins je m’en persuade, ma besogne collégiale. Je continue de m’y attacher et de l’aimer. Mais cette part faite à l’extérieur, n’était-ce pas la pente par où je finirai par glisser, me laissant tout doucement tirer du milieu où j’aurais tant voulu passer ma vie ?