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premier volume 1878-1915

Il ne me laisse pas achever. Tout à coup sa figure s’est ouverte, rassérénée, épanouie. J’en ai l’impression nette : j’ai tiré mon évêque d’un suprême embarras. Il reprend avec chaleur :

— S’il en est ainsi, mon cher enfant, si l’on ouvre ce champ plus large à votre zèle, croyez que personne n’en sera plus heureux que votre évêque. Et il ajoute cette phrase délicieuse : Je le disais encore l’autre jour à Mgr Bruchési : « L’Université n’est pas une œuvre diocésaine, mais interdiocésaine. Par conséquent, à Montréal, on devrait s’efforcer d’y trouver emploi pour les jeunes prêtres de talent (sic) que nous ne pouvons utiliser dans nos diocèses. »

Il conclut :

— Continuez vos démarches. Si je puis vous être de quelque utilité, comptez sur moi.

Entrevue avec Mgr Bruchési

Quelques jours plus tard, je suis chez Mgr Roy qui me conduit chez Mgr Bruchési. L’Archevêque souriant se déclare heureux de m’accueillir dans son diocèse. Là-dessus, en toute loyauté, je crois devoir m’expliquer :

— Si je viens vous offrir mes services, Monseigneur, je veux être franc. Je souhaiterais, si possible, n’y pas venir pour me donner au ministère paroissial. Non que ce ministère me répugne, tant s’en faut, mais enfin, toutes mes aspirations, toute ma préparation à la vie m’ont orienté vers l’enseignement. À Valleyfield, je suis d’âge à devenir curé ; à Montréal, je ne pourrais être que vicaire. Si donc, il plaisait à Votre Grandeur, j’aimerais continuer ma vie comme je l’ai commencée.

L’Archevêque m’arrête :

— Il ne peut être question de vous mettre sous le boisseau. Voici. Je songe à une réorganisation de notre université. Cela