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premier volume 1878-1915

Bourassa. Au sujet des articles du directeur du Devoir, l’Archevêque m’avait fait cette confidence un peu attristée :

— Évidemment tout cela est assez pénible pour nous. Mais au fond, M. Bourassa a raison. Moi qui vous parle, je ne sais rien de l’histoire de mon pays. J’ai fait mes études collégiales au Séminaire de Montréal, chez d’excellents maîtres, des maîtres français qui m’ont beaucoup parlé de la France, jamais de mon pays. J’ai fait mon grand séminaire chez des maîtres de même provenance qui ne m’en ont pas appris davantage sur le Canada. Je suis allé compléter mes études à Rome, non pas au Collège canadien encore inexistant, mais au Séminaire français…

Là-dessus je crus devoir ajouter :

— Consolez-vous, Monseigneur, votre collègue de Valleyfield m’a tenu à peu près les mêmes propos. Un jour — je concède qu’il s’est repris depuis lors — il a même soutenu devant moi que nous n’avions pas d’histoire.

Fort intelligent, l’Archevêque de Montréal songeait-il, dès 1913, à combler un jour prochain, l’effroyable lacune en notre enseignement universitaire ? J’ai tout lieu de le croire.