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deuxième volume 1915-1920

immuables de sa haute logique et qui ne cesse de veiller sur les races adolescentes dont elle a voulu que le berceau fût un miracle ». Petit morceau d’assez maigre éloquence. À ces derniers mots cependant, je sens que j’ai devant moi beaucoup plus qu’un auditoire sympathique, mais un auditoire conquis. En réalité, sur l’évolution constitutionnelle de l’Angleterre, je n’ai présenté qu’une superficielle vulgarisation. À la sortie de l’Université, je ne suis pas peu étonné d’entendre deux avocats du temps, jeunes professionnels brillants, MM. Guy Vanier et Léon Mercier-Gouin, — et voilà qui m’en dit long sur la sorte de cours d’histoire constitutionnelle alors professé à l’Université de Montréal, — me demander, sur le ton louangeur : « M. l’abbé, où avez-vous pêché toutes ces notions ? »

Mais avais-je gagné la partie ? Dans mon entrevue du matin accordée au Devoir, je m’étais montré plutôt circonspect au sujet de l’avenir de ce cours d’histoire. À une question directe de mon interlocuteur :

— Je suppose, M. l’abbé, que ces premières conférences ne sont que le début d’un cours régulier d’histoire du Canada à l’Université pour les années prochaines ?…

Je m’étais contenté de dire :

— Oh ! là-dessus, je n’ai pas qualité officielle pour vous répondre. Le public pourrait peut-être en décider, car je suppose que la chaire ne sera fondée que si les élèves existent. Et les élèves, c’est le public qui les fera.

Que la partie soit gagnée, j’en ai à peu près l’assurance dès le lendemain. Le vice-recteur de l’Université, Mgr Dauth, me fait mander chez lui pour me poser cette question à brûle-pourpoint :