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deuxième volume 1915-1920

l’institution prématurée et surtout d’un coût injustifiable. Pour la défense de son œuvre et pour en prouver l’opportunité, le gouvernement n’avait cru mieux faire que de remplir l’École d’une population d’étudiants suspects, petits barbares indomptés, aimant mieux s’amuser qu’étudier. Ne profitant guère de l’École, ils en étaient devenus, comme il arrive toujours, les pires dénonciateurs. Une petite élite d’étudiants, à compter sur les dix doigts de la main, n’arrivait pas à contrebalancer la propagande funeste. D’autant que la nouvelle institution, école indépendante et gouvernementale, pratiquement neutre, non affiliée à l’Université et pour cela même tenue en suspicion par les parents et le clergé, recrutait peu ou point la clientèle des collèges. L’administration avait donc décidé une réforme radicale. On changerait le directeur ; on affilierait l’institution à l’Université. Et déjà, en vue de cette réforme, un Comité dit de perfectionnement, composé de MM. Henry Laureys, le nouveau directeur, d’Édouard Montpetit, de Victor Doré, de Léon Lorrain et de moi-même, s’était chargé d’une refonte des programmes d’étude et d’une réforme de la discipline. Travail captivant. Il nous avait permis d’aborder de si intéressants problèmes et il m’avait mis en intimes relations avec au moins deux intelligences d’élite : Édouard Montpetit alors en pleine ascension et le fin et intelligent Léon Lorrain. Et voilà