Page:Groulx - Mes mémoires tome I, 1970.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
300
mes mémoires

loyauté des associés qui affichaient pourtant avec tant de désinvolture, leur complexe de supériorité. Ces constatations et quelques autres, j’eus le malheur naturellement de les dire à mes cours, puis de les écrire en mon volume. Scandale sans précédent aux yeux des prétendus héritiers des « Pères », les rejetons du parti conservateur. Le jeune professeur d’histoire du Canada prit figure d’un audacieux vandale. Un jour de fête universitaire, je rencontre dans les corridors de l’Université de la rue Saint-Denis, M. Philémon Cousineau, alors professeur de droit constitutionnel, je crois, et l’un des chefs du parti conservateur à Québec. Le brave collègue ne put se dispenser de me jeter au visage, et sans aménité : « Vous, l’abbé Groulx, je ne vous pardonnerai jamais d’avoir démoli les “Pères de la Confédération”. » Étude bien rapide et bien imparfaite, mon petit volume, tiré à 3,000 exemplaires, ne s’en vendit pas moins rapidement. Plus de 2,000 exemplaires sont enlevés dans les deux semaines qui ont suivi la publication, annonce L’Action française (II : 222). L’Action française (III : 36-41) publie, sur le petit livre, un article trop élogieux d’Henri d’Arles. Un an plus tard, l’édition est épuisée.