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et sœurs. Le monde verra bien d’autres de ces prodiges. Moi-même j’en verrai bien d’autres que je raconterai peut-être en ces Mémoires. Et, plus que tout autre sentiment, ce sera la gratitude qui, dix ans plus tard, me ramènera à Lisieux.

Un Comité de propagande à Paris

J’ai gardé pour la fin de mon séjour à Paris, en 1921, ce fait divers. Comment nous est venue l’idée de la fondation de ce Comité ? Évidemment de l’ignorance effroyable de nos cousins de France au sujet du Canada et voire du Canada français. Dans L’Action française (VIII : 165-178), j’ai dit, là-dessus, ma façon de voir et l’opportunité de dissiper cette ignorance. En Bretagne, en 1908, chez l’amiral de Cuverville, un Monsieur de la petite noblesse, en visite à Crec’h Bleiz, m’avait posé cette question :

— Quelle est bien la superficie du Canada ?

Et comme j’hésitais à répondre :

— Quelque chose, par exemple, comme la Suisse ? avait risqué mon interlocuteur.

Et le cher homme se prétendait descendant par ligne collatérale de la famille des Chateaubriand. Et pour le doctement démontrer, il m’avait cité le début de la description des chutes du Niagara par le grand aïeul :

« On entendait au loin… »

Je vois encore l’embarras de ce petit Monsieur de la haute lorsque j’osai lui répondre :

— Cher monsieur, si l’on jetait la France dans un seul de nos grands lacs, disons le lac Supérieur, elle courrait le risque de s’y noyer.