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NOTE DE L’ÉDITEUR




Le chanoine Lionel Groulx fut et demeure l’historien le plus prestigieux du Canada français. Tout entier voué à la cause qu’il a si brillamment servie au cours d’une longue et fructueuse carrière, il joua parmi les siens le rôle d’une sorte de conscience nationale. Son œuvre est bien connue et constitue par son ampleur, sa lucidité et sa fermeté de pensée un des regards les plus attentifs et les plus pénétrants jamais portés sur notre passé aussi bien que sur notre présent et notre avenir. Les Mémoires qu’on va lire couronnent cet ensemble imposant et nous livrent les derniers accents d’une voix dont les propos n’ont pas fini de nous révéler à nous-mêmes et de nous émouvoir.

À première vue, il existe chez Groulx de grandes différences entre l’historien et le mémorialiste. Le second emprunte assez peu, semble-t-il, au premier. Alors que celui-ci opte presque toujours pour la rigueur dans le raisonnement et pour le ton mesuré de l’expression, celui-là choisit volontiers le style frémissant de la vie et de la passion retrouvées. Ce que l’auteur ressent le besoin de dire ici, c’est le fond de sa pensée où se révèlent, inextricablement mêlés, les élans du cœur et les démarches d’une intelligence brillante, le tempérament de l’homme et les ressources de l’écrivain, les impatiences d’une volonté pressée d’agir sur le destin d’un peuple et les péripéties d’une lutte menée à longueur de vie avec une ardeur exemplaire. Rien dans ces pages qui ne soit mouvement de la conscience, trait de caractère, humeur de l’homme engagé dans l’action. De là cette vue particulière des gens et des faits, ces juge-