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Page:Groulx - Mes mémoires tome II, 1971.djvu/124

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mes mémoires

écrit M. J.-A. Laforest d’Orillia, Ont. ; mais jamais la province de Québec n’a eu si peu d’influence qu’au temps actuel. »

Une autre citation suivait, extraite d’une lettre adressée à la Commission du service civil par l’Association catholique des Voyageurs de commerce. Et je concluais :

Après cela, nous répétons encore la même question : avons-nous quelques députés canadiens-français à Ottawa ? Ne se trouvera-t-il point, parmi eux, quelques hommes de cœur pour s’acquitter de la tâche que personne n’est obligé de faire pour eux ? L’insulte du Bulletin des renseignements commerciaux paraissant 5 ou 6 semaines en retard sur la version anglaise continue. N’auront-ils pas le courage de la faire cesser ?

Deux fois au moins, le secrétaire de la Ligue s’adressera à ces mêmes députés par lettre ouverte, en décembre 1923 et en mars 1926. Et ce sera pour leur rappeler ces quelques vérités :

Les députés du Québec doivent veiller à Ottawa sur les intérêts généraux de la Confédération canadienne, mais ils doivent veiller aussi sur les intérêts de leur province et de leur race. Nos intérêts catholiques et français leur sont confiés à eux par un devoir strict de justice envers leurs commettants. Ils sont donc tenus de les défendre plus encore que toutes les sociétés patriotiques. Ils ne peuvent pas oublier, non plus, que la province de Québec a charge, en quelque sorte, de toute l’âme nationale ; un devoir de charité et de solidarité ethnique nous lie à l’égard de tous les groupes français essaimés en dehors de chez nous ; et c’est une vérité trop réelle que nos défaillances dans la défense du droit deviennent, parmi nos frères éloignés, des occasions de scandale et les désaffectionnent de la vieille province…

Je crois reconnaître un peu ma prose en cette lettre du 12 décembre 1923. À l’Action française lorsqu’il m’arrivait de proposer quelque démarche de cette espèce, c’était chose assez fréquente qu’on me dise : « Écrivez le morceau et nous le signerons. » Cette fois, je tentai de piquer la susceptibilité de nos députés pour le cas où, chez eux, il s’en fût trouvé quelque minime dose. J’invoquai l’esprit de solidarité de leurs collègues anglo-canadiens, dès qu’il y allait pour eux d’intérêts communs :

Se pose-t-il dans les provinces anglaises un problème d’intérêt régional, comme l’immigration asiatique pour la Colombie an-