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troisième volume 1920-1928

Suivait tout au long, le texte de ce sujet de discours dont j’ai déjà fait état dans le premier volume de ces Mémoires[NdÉ 1]. Et je terminais par ces quelques considérations :

L’on a bien lu. Des collégiens catholiques et canadiens-français obligés, pour être éloquents et pour gagner leurs points, obligés de maudire la France, de blasphémer le Pape, l’Église, la foi de leurs pères. Et ceci pouvait encore se passer en 1897…

Certes, nous nous garderons de rien exagérer. Nous ne voulons pas tirer d’un fait douloureux comme celui-là des conclusions illégitimes. Il serait bien injuste de faire porter à une vénérable institution le poids d’une faute qui, en toute vraisemblance, reste imputable à un seul homme. Mais, en 1923, un sujet de composition comme ce discours d’un puritain serait un scandale pour le public ; il soulèverait une véritable révolte parmi la jeunesse et ses maîtres. Il y a vingt-cinq ans, cet incident passa presque inaperçu. Cela suffit à marquer la différence de deux époques (L’Action française, IX : 172-179).

Nous en étions aux dernières fumées de la bataille. Je n’y ajoutai plus que quelques notes dans « La vie de l’Action française ». En mai 1929, Jacques Brassier mettra fin à la polémique par un « dernier mot » qui fera suite au dernier mot de l’abbé Camille Roy, dans le Canada français du mois précédent. De part et d’autre, ce dernier mot restait assez dur. Brassier ne quittait pas toutefois l’arène sans un salut courtois au critique de la capitale :

Que M. l’abbé Roy nous permette la franchise de ces observations. Au reste, elles n’enlèvent rien à la grande estime que nous avons toujours professée à L’Action française pour sa personne, son œuvre et son talent (L’Action française, IX : 294).

L’intervention d’Olivar Asselin

Avant cet échange de derniers mots, une intervention retentissante avait surgi dans le débat et l’avait assez vivement ranimé. Jusque-là je connaissais plutôt peu Olivar Asselin. Comme bien d’autres, je n’avais appris à le connaître que par son œuvre de journaliste. Pour ma part, je me rappelais, comme à Valleyfield, aux années 1904 et suivantes, un petit hebdomadaire, qui

  1. Voir Mes Mémoires, I : 56-57.