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Page:Groulx - Mes mémoires tome III, 1972.djvu/285

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mes mémoires

quelque respect. Je n’ai pas choisi mon métier d’historien ; mes supérieurs ecclésiastiques me l’ont imposé. Écrire l’histoire de son pays, est-ce tâche si spéculative, si stérile, même en temps de crise ? Notre pauvre peuple s’en va de zigzags en zigzags ou s’affale au bord de la route, parce qu’il manque de boussole, de viatique. Il ne trouve rien à quoi s’accrocher, rien pour lui réapprendre la route de son destin. En quel temps, besoin plus urgent s’est-il fait sentir d’un enseignement de l’histoire nationale, enseignement délaissé, hélas, depuis plus d’un demi-siècle, et tombé dans toutes nos écoles, en une complète déchéance, pour ne pas dire dans le néant ? Je rappelle encore au cher Père le caractère absorbant du travail de l’historien, son incompatibilité totale avec l’action publique. Hélas, je ne convaincs qu’à demi mon visiteur. Quand même, je refuse net de reprendre la direction d’une autre revue, mais le Père ne s’appelle pas Alexandre pour rien ; il n’a de cesse qu’il ne m’arrache la promesse de faire au moins partie du comité de direction d’une autre revue, si elle vient à naître.

La nouvelle revue naquit. Le 1er numéro est de janvier 1933. Elle s’appela : L’Action nationale. La Ligue d’Action nationale, récemment fondée, en assuma la publication. Ce nom, puis la liste des membres de la Ligue révélaient la collaboration des anciens de L’Action française et de quelques hommes de la jeune génération. Parmi les anciens, je relève au moins quatre noms : Pierre Homier (Père Papin Archambault), Anatole Vanier, Arthur Laurendeau, Lionel Groulx. Les jeunes occupent la large part : Esdras Minville, président de la Ligue, Hermas Bastien, secrétaire ; puis suivent Eugène L’Heureux, Olivier Maurault, p.s.s., l’abbé Albert Tessier, Harry Bernard, René Chaloult, Wilfrid Guérin, Léopold Richer. Sur mes instances, Harry Bernard accepte la direction. La revue débute avec entrain. Elle prend avec aisance la succession de L’Action française. À beaucoup d’anciens collaborateurs et non des moindres, l’abbé Philippe Perrier, Mgr L.-A. Paquet, Mgr Georges Courchesne, Antonio Perrault, etc., se joignent quelques--