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mes mémoires

pas moins de jaloux. L’ami Louis-D. Durand, des Trois-Rivières, entreprend de répandre le buste de l’abbé Groulx, sculpté par un jeune artiste de sa région, un M. Cuvelier. Selon Le Bien Public qui en publie un fac-similé, le 7 janvier 1937, toutes les jeunesses patriotiques se chargent de la diffusion de ce buste.

Les adversaires font de leur mieux, eût-on dit, pour alimenter, stimuler cette propagande. Une rumeur se propage à l’automne de 1937, venue je ne sais d’où, qu’en hauts lieux, pour se débarrasser de mon gênant petit personnage, l’on aurait songé à m’éloigner du pays. Un voyage en Europe, un séjour prolongé en France serait tout arrangé. D’où vient la rumeur ? Plusieurs y font écho. On peut lire, dans Le Devoir du 1er  septembre 1937, ces deux entrefilets :

La rumeur courait ce matin en ville que l’abbé Lionel Groulx, professeur d’histoire du Canada à l’Université de Montréal, abandonnerait toutes ses fonctions et œuvres et partirait prochainement pour la France où il se consacrerait pendant cinq années à la grande histoire canadienne. Cette rumeur paraissait vraiment invraisemblable. Interrogé, M. l’abbé Groulx nous dit : — Jamais je n’ai entendu parler de cela. Jamais, reprit-il, je n’ai demandé à partir pour la France et on ne me l’a pas offert pour une période aussi longue. J’ai précisément refusé au mois de juin un voyage aux frais de la princesse, parce que je tenais à prendre part au Congrès d’été, à Québec. Il n’y a absolument rien de fondé dans cette rumeur.

Encore une fois, d’où venait la rumeur ? Y fallait-il voir le fruit mal mûri de quelque intrigue politique auprès des autorités religieuses ? Je n’en sais rien pas plus que je ne me souviens de cette offre de voyage qu’on m’aurait faite, offre fondée celle-ci. Fondée ou non, la rumeur provoqua tout de suite d’énergiques protestations. Valdombre y va de son coup de boutoir dans ses Pamphlets de septembre 1937 :

Ç’aurait été si fin d’édifier un congrès « de famille » sans l’abbé Groulx et sans la voix patriotique. Franchement, on devrait récompenser le bel esprit qui imagina ce petit « schème »