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mes mémoires

des étudiants canadiens à Paris. Madame la propriétaire de l’Hôtel s’écrie : « Mais, Monsieur, vous êtes en train de déranger tout Paris ! » Qui avait amené ces quatre Messieurs chez moi ? Je ne l’ai jamais su. Tous quatre viennent m’offrir leurs services, souhaitent m’aider dans l’organisation de mes cours. Plus fervent que tous, René Bazin que j’ai connu lors de mon séjour à Paris en 1921, qui avait désiré et présidé ma conférence chez les Publicistes chrétiens : « La France d’outre-mer », et à qui je ferai grand plaisir bientôt, en publiant dans Le Devoir, un article sur son Magnificat, René Bazin insiste, veut que je me prête à la publicité : « Je suis passé à L’Écho de Paris, m’apprend-il ; on viendra vous interviewer ; on viendra avec un photographe. Laissez-vous faire ; il faut qu’il y ait beaucoup de monde à vos cours. » En effet, le 20 janvier 1931, le matin même de mon premier cours, L’Écho de Paris me consacre quelques notes biographiques ornées de ma photo. Émile Lauvrière a devancé cette publicité par tout un article du 18 janvier 1931, dans Paris-Canada : article écrit dans le style enthousiaste, tout proche de la rhétorique, mais d’un esprit si honnête, si sincère. J’extrais deux phrases :

Cette voix émouvante il faut aller l’entendre à la Sorbonne (Salle Louis-Liard, 17 heures) dans les cinq conférences qui diront la longue, tragique et finalement triomphante lutte du peuple canadien pour sa langue maternelle… Qu’aux conférences de l’abbé Groulx, Français et Canadiens, unis et en nombre, ne baissent pas trop la tête !!

Quant à Louis Gillet, il avait été quelques années auparavant professeur de littérature française à l’Université de Montréal. Il était venu causer du Canada, s’informer des amis de là-bas, des changements survenus à notre Université.

La veille, 17 janvier, un collaborateur de La Croix de Paris, qui signe E.B., y était allé d’un article-réclame d’une demi-colonne. À tout prendre la partie ne s’engageait pas si mal. La Petite Thérèse avait travaillé merveilleusement.

La date fatale arrive. Ce jour-là je ramasse mon courage à deux mains. Si quelque bon ami m’eût prêté deux autres mains,