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septième volume 1940-1950

Mon dessein n’était pas de raconter en son entier l’histoire du Bloc. Je m’en tiens aux circonstances où souvent, malgré moi, je fus entraîné. Un seul et dernier incident me revient en mémoire. À quelque temps de là, en 1944, le Bloc tenait à Montréal, son Congrès. On y élit André Laurendeau chef provincial du mouvement. Pendant ce même temps, les dissidents, en petit nombre, siégeaient dans un hôtel du voisinage. Sur la fin de l’après-midi, j’étais sorti, selon mon habitude, marcher un peu et prendre l’air dans le petit parc de la rue Elmwood, voisin de mon chez-moi. Un jeune avocat du nom de Lussier surgit devant moi, à ma recherche. Était-il l’envoyé des dissidents ? Je n’en sais rien. Il me supplie, avec force et objurgations, de tenter encore une fois une réconciliation du trio avec le groupe Raymond-Laurendeau. Si je n’agis point, il me tient responsable de ce qui pourra s’ensuivre. Ennuyé, déçu de tous mes échecs, je me refuse énergiquement à cette dernière démarche et réponds à mon interlocuteur : « J’ai dit ce que j’avais à dire ; j’ai fait ce que j’avais à faire ; si vos amis veulent encore parlementer, ils n’ont qu’à s’en charger eux-mêmes. » On sait le reste. Après d’apparents succès le Bloc ne peut faire élire, en 1945, que deux députés à Ottawa, son chef, Maxime Raymond, et René Hamel dans Saint-Maurice-Laflèche. Aux élections provinciales de l’année précédente, il n’a guère été plus heureux ; son seul et vrai succès : l’élection d’André Laurendeau au parlement québécois. Deux autres compagnons de lutte d’André Laurendeau parvenaient à se faire élire : Albert Lemieux, avocat, dans Beauharnois et Ovila Bergeron dans Stan-