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septième volume 1940-1950

Une autre semaine passa à son tour et j’attendis. Mais après quinze jours, j’avertis mon ami Thérien qui me demandait de la copie, que je me refusais à marcher si vite avec lui. Si je vais au Devoir, lui dis-je, Le Devoir me fera une publicité qui me vaudra bien $500. Si vous m’obtenez la somme équivalente de votre ministre, j’irai chez vous.

Et j’attendis.

Un jour pourtant j’avertis franchement l’ami Thérien :

— J’ai promis que ma revue paraîtrait le 15 juin. Je tiens à cette date. Donc, si d’ici huit jours, vous n’avez rien reçu de Québec, je le regrette, mais j’irai au Devoir.

— Mais le ministre m’a promis que l’affaire serait réglée cette semaine, me répondit l’ami Thérien.

Et j’attendis.

Mais comme Sœur Anne ni moi-même ne voyions rien venir, j’allai au Devoir. J’en avais fini d’attendre. Mais nous ne sommes pas au dernier acte de la comédie.

Ma visite chez M. le ministre Côté remonte au début de 1947. Presque deux ans passeront. Le 2 décembre 1948, je reçois du secrétaire du sous-ministre, c’est-à-dire le secrétaire de M. Jean Bruchési, la lettre stupéfiante que voici :

Monsieur le Chanoine,

Le 11 février 1947, monsieur Jean Bruchési vous transmettait un chèque portant le no 258793, au montant de $500.00, en paiement d’un octroi spécial accordé par le Secrétariat de la province à l’Institut d’Histoire de l’Amérique française.

Or, d’après les livres du Département du Trésor, le chèque qui vous a été envoyé apparaît comme étant encore en circulation. Auriez-vous l’obligeance de me dire, par un prochain courrier, à quelle date et à quelle banque vous avez déposé ou encaissé ledit chèque afin que nous puissions communiquer ces renseignements à qui de droit ?

Recevez, monsieur le Chanoine, l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

Le secrétaire du sous-ministre,
Charles-Eugène Bélanger