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septième volume 1940-1950

Se souviendra-t-on que votre désistement a été un geste de générosité envers les jeunes ?

Encore une fois merci !

Le Recteur
Olivier Maurault, p.s.s., P.D.

Mes cours d’histoire à la radio

Ma réponse à Mgr Maurault (13 décembre 1949) lui confiait, entre autres choses : « Il m’eût été plus agréable, à coup sûr, de quitter l’Université avec d’autres sentiments que ceux dont je ne puis me défendre. Mais la vie m’a quelque peu habitué à la contradiction. Et la Providence qui ne m’a jamais manqué est en train, je crois, de me faire des conditions de vie qui me dispenseront, au moins pour un temps, et partiellement, d’aller quémander à la porte que vous savez. » Un soir que je causais, en toute intimité, chez le notaire Athanase Fréchette, presque mon voisin, l’on en vint à parler de l’emploi possible ou probable de ma vie nouvelle. Est-ce lui ? Est-ce moi qui pensai à une centaine de cours d’histoire du Canada à la radio ? Dans Le Devoir du 18 novembre 1949, M. Héroux, ce promoteur de tant d’œuvres, — a-t-il pris langue auprès de quelqu’un ? il semble bien — lance, à son tour, l’idée de ces cours et l’appuie fortement. Le projet me tente beaucoup. J’y vois le moyen de présenter au public une synthèse de tout mon enseignement à l’Université : cours publics et cours fermés. Le notaire Fréchette s’entremet auprès de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. D’emblée, elle accepte de patronner cet enseignement au grand public de la radio et elle entreprend des démarches auprès de Radio-Canada. Celle-ci, où règne M. Marcel Ouimet, éprouve une peur bleue de ces cours. L’historien, pour lui, sentait le « fagot » : c’était, disait-on dans les milieux officiels, un criminel séparatiste et un anglophobe. Ces cours peuvent-ils ne pas heurter violemment l’opinion officielle, l’opinion anglo-canadienne ? Elle refuse net de les émettre. La Saint-Jean-Baptiste se tourne vers le poste CKAC qui accepte. Émise par ce poste, la diffusion des cours courait le risque d’en être fort réduite. Qu’à cela ne tienne. Pressée par nombre de postes régionaux, la Saint-Jean-Baptiste fait enregistrer mes cours sur dix-sept disques. Et