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septième volume 1940-1950

nal avait levé haut sa visière. Pour un autre, M. Charles Hazlitt Cahan, ancien secrétaire d’État dans le cabinet Bennett, à Ottawa, l’explication serait tout autre. Et je la tiens encore de l’ami Perrault : « Dans le cabinet, aurait raconté M. Cahan, nous voulions que le chapeau restât à Québec. Mais il fallait trouver quelqu’un qui le pût porter. Notre choix se porta sur le jeune évêque de Gravelbourg. Mais lors de son passage à Londres, en 1939, nous avons trouvé le moyen de faire savoir à l’Archevêque de Québec qu’il tenait son chapeau de la diplomatie canadienne et londonienne agissant de concert. De là… » Mgr Courchesne, fort attristé du comportement du Cardinal pendant la guerre, y voyait l’influence du Père Georges Simard, o.m.i., impérialiste reconnu et grand lecteur de saint Augustin ; le Père Simard croyait discerner, dans l’Empire britannique, le successeur de l’Empire chrétien de Constantin, protecteur international de l’Église, par sa forte présence partout et par son besoin de la paix. À ce propos, Mgr Courchesne me dit un jour, à la façon que l’on sait : « Aurais-tu jamais pensé ça, toi, que notre petit Cardinal si fin se serait laissé blouser par un esprit de sixième ordre, tel que Georges Simard ? » Je me contentai de lui répondre : « Et pourtant, ce n’était pas de fervents amis ; j’en sais quelque chose. » Un jour qu’à l’Archevêché d’Ottawa je causais de la question avec Son Excellence Mgr Alexandre Vachon et l’abbé Paul Bernier, ancien secrétaire et favori du Cardinal, aujourd’hui archevêque de Gaspé, l’abbé Bernier risque cette très simple explication : « Il a voulu tout au plus se conformer à la politique des anciens évêques de Québec, depuis Mgr Briand. »