Page:Groulx - Mes mémoires tome IV, 1974.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
297
huitième volume 1950-1967

Le compliment est fort. Il est haut. Mais il m’a tellement ému le jour où je l’ai lu, que je me fais une gratitude de le rappeler en ces pages.

Une autre surprise me viendrait, et cette fois-ci de France. J’avais déjà envoyé quelques-uns de mes livres là-bas, en particulier aux Études dont je suis depuis longtemps l’abonné. On m’y connaissait. En 1931, lors de mes conférences en Sorbonne, ces bons Pères de la rue Monsieur m’avaient même ménagé, un soir, une gentille réception[NdÉ 1]. De mes livres, je n’entendis jamais parler. La surprise me venait d’André Thérive que je ne crois pas avoir rencontré en France, mais dont je lis régulièrement la chronique littéraire dans les Écrits de Paris. Thérive avait fait passer son article dans le Rivarol du 18 juillet 1963 et l’avait intitulé, « Le Canada français missionnaire ». Les premières lignes se voulaient élogieuses : « Il n’y a pas de lecture plus émouvante ni plus surprenante pour la plupart des Français, que le gros livre du chanoine Lionel Groulx dont nous avons pris le titre pour enseigne de cette chronique. » Thérive se plaisait encore à louer « les divers chapitres de ce gros livre (qui) forment autant de monographies irremplaçables sur la situation religieuse de toutes les races, de toutes les peuplades, de toutes les nations… Mais le thème essentiel du livre, qui pourrait donner une bonne leçon, ajoute le critique, c’est que l’Amérique française, en l’espèce le Canada, a partiellement pris la relève de la France pour évangéliser le monde et qu’elle n’est qu’au début de sa tâche. Et enfin qu’elle jouit d’un avantage sur le « vieux pays », celui de n’être pas soupçonnée de préparer une domination ou de se venger d’une éviction. » Le Devoir et Le Droit reproduisirent l’article de Thérive. Ces témoignages me consolèrent de quelques autres que j’attendais et qui ne vinrent pas. Les communautés missionnaires, quelques-unes, pas toutes, qui m’avaient si mal renseigné, ne perdirent pas l’occasion de me reprocher mes quelques erreurs. Notre épiscopat qui, m’assure Fides, avait reçu un exemplaire de l’ouvrage, ne me fit point l’honneur de lire ce chapitre de l’histoire de l’Église canadienne qu’un historien ve-

  1. Voir Mes Mémoires, III : 94-96.