Page:Groulx - Notre maître, le passé, 1924.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
La Famille Canadienne-Française

premier délaissera, pourvu qu’alors il n’y ait pas d’enfants nés ou à naître du futur mariage. »

Ainsi prétendait se prolonger, jusqu’après la mort, la communauté des époux. Heureux et nobles parchemins que ces conventions de fraternité chrétienne qui supprimaient tant d’occasions de conflits, stimulaient le travail commun et ajoutaient à l’amour par un surplus de confiance. De là aussi, puisque associés à droits égaux, l’excellente habitude qu’avaient nos pères de consulter nos mères dans tous leurs marchés et de ne jamais conclure une affaire grave, sans s’être mis d’accord tous les deux.

Voilà bien sur quel fondement s’établissent nos familles anciennes. On souhaiterait vainement, ce nous semble, une alliance matrimoniale où s’affirmât plus nettement la bienfaisance du catholicisme, où serait plus parfaite l’unité des cœurs et des esprits et où par conséquent la famille pût atteindre plus sûrement sa première fin naturelle.


Aussi la famille canadienne va-t-elle enfanter magnifiquement de la vie. Là-dessus l’histoire et ses statistiques me dispensent de toute éloquence. La règle dans les ménages qui se respectent, je l’ai dit et je l’ai même répété, est de se rendre à une première douzaine d’enfants et, sans y mettre trop d’orgueil, de dépasser quelquefois la seconde. Il suffit de retenir que la race canadienne a doublé ses effectifs tous les trente ans et quelquefois en des périodes plus brèves. (Disons, entre parenthèses, que nos frères les Acadiens nous dépassaient ici et donnaient peut-être le plus haut exemple de fécondité humaine en se doublant tous les seize ans). Il suffit encore de se rappeler que