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Un Geste d’Action Française

la langue française dans toutes nos maisons de haute éducation, et, pour être plus sûrs d’y arriver, ils recommandaient de faire de l’anglais la langue enseignante, au moins pour une partie du cours d’études. Nos lois et nos usages, disaient-ils, n’étaient que des vestiges du passé, nous avions tout à gagner en les échangeant pour des institutions plus en harmonie avec les besoins de la société moderne. »

Garneau lui-même, plongé alors au sein de nos archives où il apprenait la leçon d’espérance de notre histoire, Garneau se défend mal de l’affreux doute ; il ignore même s’il doit préparer un cantique de résurrection ou l’épitaphe d’un tombeau. Il écrira plus tard à Émile de Girardin : « Quel que soit le sort que l’avenir réserve à notre race, nous aimons à reporter les yeux vers cette ancienne France d’où sont sortis nos pères. Comme le chevalier normand couché sur le tombeau de marbre des vieilles cathédrales anglaises, si nous devons perdre notre nationalité, nous voulons du moins laisser un nom français écrit sur notre mausolée. »

Mais voici qu’au plus profond de cette dépression morale un jeune homme de trente-cinq ans se trouve subitement investi des destinées de la race. Fort de son calme courage et d’une jeunesse laborieuse qui vaut quelquefois une conscience, il refuse d’appartenir au parti des découragés. Il s’est cherché des alliés dans la province voisine et, sans sourciller, il accepte la bataille que lui propose l’oligarchie triomphante. Dans un manifeste à ses électeurs de Terrebonne, il commence par venger avec éclat la justice outragée ; puis, avec des paroles de chef, il sonne le ralliement de sa province. Hélas ! le jeune politique dut amèrement dé-