Page:Groulx - Notre maître, le passé, 1924.djvu/179

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naires anglo-saxons de confisquer la jeune liberté de son pays. Oh ! sans doute, l’on eût pu souhaiter un sauveur d’une main moins dure, d’un jeu plus habile. Loin de nous d’insinuer également, qu’à cette époque l’action parlementaire suffit à tout. D’autres facteurs ont collaboré à l’œuvre de Papineau et en furent les soutiens. La survivance nous apparaît avant tout comme une entreprise collective. Mais peut-être Papineau fut-il celui qui coordonna les efforts après avoir restauré la confiance. À coup sûr, va-t-il être, à partir de 1815, l’entraîneur incomparable des volontés.

Que parle-t-on après cela de rôle stérile, de politique négative ? Où sont les constructeurs qui laissent après eux d’aussi vastes monuments ? D’ailleurs a-t-il tenu à Louis-Joseph Papineau que sa politique fût autre ? L’Assemblée législative de Québec avait-elle le loisir de construire quand ses meilleures énergies contenaient à peine les destructeurs de l’édifice national ? Après quarante ans de luttes, la liberté politique n’avait guère avancé d’un pas. Louis-Joseph Papineau pouvait écrire à son père, le 1er janvier 1833 : « Il faut pour toucher au but où vous visiez, il y a quarante ans, renouveler vos plaintes et vos demandes, les répéter. C’est la même chose sous une forme nouvelle que nous demandons. » Avant de juger si sommairement l’œuvre parlementaire de cette époque, ne pourrait-on, à tout le moins, cataloguer les projets de politique constructive qui, chaque année, allaient se heurter à la mauvaise volonté du Conseil législatif, quand ce n’était pas au veto royal ? Il faudrait aussi mesurer, dans son étendue, le retentissement des luttes de Papineau, chercher jusqu’à quel point il a créé, puis prolongé l’état d’esprit qui devait susciter les vainqueurs dé-