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Notre Maître, Le Passé

lent et à la noblesse du caractère, la grandeur plus haute que lui conféraient les croyances de ses compatriotes. Notre peuple a pu avoir ses heures d’égarement et d’idolâtrie ; il n’a pas tardé à briser ses idoles le jour où, ayant pu les atteindre sur leur piédestal olympien, il a découvert que la poitrine comme les pieds rendaient le son de l’argile.

Qu’a-t-il donc manqué à Cartier, que les réserves s’imposent à notre admiration ? Peu de chose et beaucoup. Il manque toujours beaucoup au catholique qui ne l’est pas intégralement. C’est sur la fin de sa carrière que Cartier devint suspect dans ses principes religieux. L’abominable politique avait-elle accompli une fois de plus son œuvre néfaste ? Nous le croyons franchement. Il se trouva en outre que le vent tournait alors aux discussions religieuses. Nous étions à l’époque du « Syllabus » et de l’encyclique « Quanta Cura » et Cartier, il faut bien l’avouer, savait plutôt mal son catéchisme.

La division de la paroisse de Notre-Dame de Montréal lui fit rencontrer sa première pierre d’achoppement. Un de nos historiens n’a voulu voir au fond de ce différend qu’une question de procédure. N’est-ce pas plus que de raison rapetisser un débat ? L’intervention fâcheuse de Cartier aiguilla le procès sur une voie funeste, et il y alla bientôt de la liberté même de l’évêque dans l’érection des paroisses. Si, au jugement de Cartier, Mgr  Bourget se donna le tort de négliger l’aspect juridique de la question, Cartier, lui, en ignora lamentablement l’aspect religieux. Une fois engagé dans ce débat acrimonieux, il ne pouvait que s’y entêter jusqu’à la passion, et l’impérieux avocat, hélas, se fit peut-être avocassier. Ne le voit-on pas, pour faire échec à