Page:Groulx - Notre maître, le passé, 1924.djvu/218

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des noms, il écrivit après un préambule : « Vive Dujardin ! Vive Prince ! Vive Prendergast ! Vive le sympathique Fréchette ! Vive le beau régiment ! Vive de Cazes ! Vive Taillefer ! Vive la mémoire de mon ami Gustave Drolet ! Viva il Papa, Pontefece e re ! Evviva ! »

Quand il eut fini, M. le comte Pierre des Jars de Kéranroué, « ancien instructeur du convoi commandé par Taillefer », se laissa tomber sur un banc ; suffoqué de sanglots, l’œil attaché sur quelque vision fantastique, il paraissait suivre encore le défilé d’un régiment lointain qui lui arracha ce dernier cri : « Ah ! les braves jeunes gens ! »

Depuis ce jour, j’ai mieux compris cette page d’histoire canadienne retrouvée en Bretagne. Ah ! ces petits zouaves de Pie IX, il faudra les aimer beaucoup et les placer bien haut dans notre histoire. Ce furent les jeunes héros de notre dernière épopée et c’est bien quelque chose. Nous leur devons de s’être faits à l’étranger les témoins et les révélateurs de notre petite race inconnue.

Quels autres services ne nous ont-ils pas rendus ? Quand nous étions sur le point de les oublier, après si longtemps qu’elles sommeillaient, ils nous ont réappris nos meilleures vertus françaises. Plus je réfléchis, plus je m’en persuade : les zouaves représentaient mieux qu’eux-mêmes ; ils ont incarné notre vie intérieure et profonde, toute leur race dans l’explosion de ses meilleures instincts.


Examinons un peu. Pour que le mouvement d’une race ait une valeur représentative, il lui faut une part de spontanéité. Souvent, n’est-il pas vrai, un acte pesé, médité, nous révèle moins que nos humeurs ou nos saillies. Or, se peut-il quel-