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Les femmes dans notre histoire



S’il est une particulière beauté de notre histoire, c’est la collaboration de la femme à toutes les grandes choses que nous avons accomplies. Cette collaboration ardente et constante, je la trouve même plus dévouée, plus héroïque aux heures périlleuses.

Quand le premier colon de ce pays, las de solitude et de nostalgie, voulut à son foyer se ménager un soutien, entendre une voix d’espérance et le roulis des berceaux, il appela à son aide les petites filles de France ; il les appela à partager ses dures besognes, la pauvreté de son logis et son effroyable isolement. De tout le pays, des voix s’élevaient, demandant des compagnes pour les colons, des femmes qui voulussent devenir les aïeules d’une jeune race.

Les petites orphelines de France, c’est Joyberte Soulanges qui l’a écrit, « ont été séduites par la généreuse aventure. Elles ont vu se lever là-bas, par delà la grande mer, une terre austère, mais vierge et noble et qui leur tendait les bras… » Un jour elles s’embarquent et « si les poitrines se gonflent, à mesure que se rétrécit, puis disparaît, la terre de France ; si quelque chose d’humide perle au coin des yeux, le cœur reste ferme. Les voyageuses se tournent vaillamment vers le pays de l’attente ; elles s’abandonnent à l’élan du navire qui, toutes voiles au vent, vogue vers l’Amérique du Nord. »

Quand, à cette même époque lointaine, il fallut des femmes pour instruire les enfants, pour soigner les malades, pour émouvoir plus douce-