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Au pays de Dollard[1]



C’est entendu. Nous irons le 24 mai prochain. Ce sera presque l’anniversaire de l’immortel fait d’armes. Il y a de cela exactement 258 ans, dix-sept jeunes gens, en ce coin de terre ignoré du Long-Sault, faisaient cadeau, à la colonie en péril de mort, du salut et de la gloire. Ils s’engageaient dans une lutte sans espérance et le triomphe ne leur vint que de leur défaite.

On aurait pu croire que le rivage du Long-Sault serait devenu un lieu sacré, que les bénéficiaires de cet héroïsme auraient vénéré le tombeau des héros comme une relique sainte. Hélas ! la grande solitude qui, au soir de la défaite, s’appesantit sur les cadavres et sur les ruines du petit fort, n’a pas encore été soulevée. Dans la colonie sauvée on parla sans doute pendant longtemps de la tragique aventure, et les noms de Dollard et du Long-Sault furent unis dans un même culte. Quelques voyageurs d’alors saluèrent en passant le grand souvenir, tel ce chevalier de Troyes qui, avec d’Iberville et un parti de Canadiens, passe là quelque vingt-cinq ans plus tard en route pour la baie d’Hudson. Puis ce fut l’oubli, un oubli profond qui plana en maître souverain sur les coteaux funèbres où étaient tombés les plus chevaleresques des Français.

Ah ! Je le sais, nous avons gardé dans nos annales et dans nos cœurs la mémoire de Dollard

  1. Nous reproduisons ici ces deux papes où l’Action française annonçait son premier pèlerinage au Long-Sault. Ce premier pèlerinage, croyons-nous, fut le point de départ de tout un mouvement national pour populariser la fête de Dollard. (Note de l’éditeur).