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Au Long-Sault[1]



Mesdames, Messieurs,

Depuis quelques heures que nous sommes ici, nous éprouvons ensemble la vertu particulière, excitatrice et magique, de ce coin de terre du Long-Sault. Des émanations d’héroïsme s’échappent du sol et flottent dans l’atmosphère ; des fantômes de beaux chevaliers, au visage clair, à l’épée triomphante, passent devant nos yeux. Et nous, de race française, nous avons le bonheur de nous retrouver, après trois siècles, parlant la même langue, gardant la même âme, continuant la même histoire, dans la fraternité de ces héros.

J’ai cherché quelle réunion de rares vertus avait déterminé le fait d’armes du Long-Sault. Aujourd’hui, avec vous, j’essaie d’analyser l’arôme spirituel qui monte de ce sol sacré, et je sens qu’il faut regarder plus haut que la terre et plus haut que les hommes. Si nous avons eu Dollard et ses compagnons ; si un jour, dans notre première histoire, s’est insérée cette page de beauté unique, c’est qu’une belle nature française s’est rencontrée avec tous les enthousiasmes de la foi. Ces jeunes gens de notre race sont montés jusqu’à une telle grandeur parce que, croyants, ils avaient donné rendez-vous dans leur âme aux vertus surhumaines ; parce qu’au commencement et jusqu’à la fin de leur sacrifice, ils avaient rencontré l’appui de Dieu.

  1. Discours prononcé au Long-Sault, à l’occasion du dévoilement du monument Dollard, le 24 mai 1919.