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Au Long-Sault

chées allemandes qui sillonnent la terre de Pologne, un chant s’élève, tout à coup, plaintif et traînant, du côté des tranchées russes ; les Polonais prêtent l’oreille ; ils reconnaissent leur prière nationale à la Vierge, les Petites heures de l’Immaculée-Conception : « Hâte-toi de nous secourir, Vierge clémente ». Les Polonais allemands répondent à leurs frères de Poznam qui sont là enrégimentés en face d’eux, et voilà que par-dessus les tranchées ennemies, par le lien de la foi et de la langue, se renoue la fraternité polonaise. De même, Mesdames, Messieurs, de cette tranchée fermée il y a deux siècles et demi, monte une prière qui est encore la nôtre, qui s’élève dans la même langue, avec le même accent. Sachons l’entendre et sachons y répondre. Mais il est une autre prière chrétienne et française que l’on entend ici mieux que partout ailleurs, et c’est la prière qui monte des marches ontariennes, de nos marches de l’Ouest, de celles d’Acadie, de celle d’au-delà de la frontière. Cette prière aussi, sachons l’entendre ; par-dessus les tranchées qui nous séparent, renvoyons-nous l’hymne de la foi invincible et fraternelle et que se maintienne à jamais l’unité de la Nouvelle-France.


Juin 1919.