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Notre Maître, Le Passé

À l’automne de 1670, de Saint-Lusson et Perrot prirent avec eux quelques canotiers et partirent par l’Outaouais, en route vers la mission de Sainte-Marie-du-Sault. Les envoyés de Talon devaient convoquer en ce lieu les représentants de toutes les nations indiennes et leur faire entendre, le printemps suivant « la parole du roi ». De Saint-Lusson avait pour mission, ainsi le portaient ses lettres, de « faire la recherche et découverte des mines de toutes façons », en particulier de celle de cuivre, mais surtout de « prendre possession, au nom du roi, de tout le pays habité et non habité… plantant à la première bourgade la Croix pour y produire les fruits du Christianisme et l’Escu de France pour y assurer l’autorité de Sa Majesté, et la domination Françoise ».

Les voyageurs prirent la route habituelle par l’Outaouais, la Matawan, le lac Nipissing, la rivière des Français. Mais la saison était avancée. De Saint-Lusson s’arrêta pour hiverner, chez les Amikoués, dans le district actuel d’Algoma. De là, il songea à faire convoquer les sauvages « de plus de cent lieues à la ronde », pour la grande cérémonie du printemps. Nicolas Perrot en fit son affaire. Vers la fin d’avril et le commencement de mai, les convois de délégués commencèrent d’arriver à Sainte-Marie-du-Sault. Depuis un an ou deux, la petite mission des Jésuites est devenue la capitale de l’ouest. L’émigration récente des sauvages vers l’est a déplacé le centre du commerce et le lieu des grandes assemblées de peuples qui se tenaient auparavant à la mission du Saint-Esprit, à l’extrémité sud-ouest du lac Supérieur. Les Pères Jésuites ont transporté leur résidence au Sault et, comme toujours, les coureurs de bois en ont fait le centre de leurs évolutions.