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son dévouement. La fierté fut bien, dans le passé tout proche, l’une des vertus qui nous ont le plus manqué, quand fort peu pourtant nous étaient aussi nécessaires. Un peuple faible par le nombre, peut se passer, à la rigueur, de richesse et même d’art ; il ne saurait se passer d’être fier. Pour vivre il faut d’abord se convaincre que la vie en vaut la peine ; et notre peuple n’aura plus de raisons de perpétuer sa race quand il y aura vu la cause d’une infériorité.

Pour être fiers, les jeunes n’ont besoin que de savoir qui ils sont. Il n’appartient pas aux fils des grands Français qui ont bâti ce chef-d’œuvre d’histoire que fut la Nouvelle-France, de chercher ailleurs que chez eux, les raisons de leur dignité. Si cette gloire fut entachée d’une défaite, nos pères ont empêché que cette défaite fût irréparable ; il y a même beau temps qu’ils l’ont rachetée. Aujourd’hui, dans notre pays, où notre ordre social fait l’envie des autres, nous n’avons que le déshonneur de nous mal juger nous-mêmes. Nous sommes pourtant la race qui n’a jamais violé le droit d’autrui. Persécutés souvent, nous n’avons jamais été persécuteurs. Le service de la civilisation par la propagande de la foi du Christ, plus que personne en Amérique, nous l’avons pratiqué. Tous ces motifs de fierté suffiraient à de moins inattentifs.

C’est pour aider les jeunes à faire cesser l’inattention que je leur adresse ce volume.

La jeunesse catholique et lettrée a devant elle le plus beau des devoirs. Qu’elle se pénètre bien des principes de l’économie chrétienne pour y prendre la loi du progrès harmonieux. Qu’elle se pénètre aussi des directives de notre histoire