Page:Grousset - Essais et Poésies, 1886.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
POÉSIES


Vieillards ingénus, pâles nonnes,
Papes et rois gardant encor
Les tiares et les couronnes
Où s’est posé le nimbe d’or,

Novices blonds aux grands yeux tendres
Qui voyaient en rêve jadis,
Étendus sur le lit de cendres,
Les merveilles du paradis,

Tous ont la naïve allégresse
Des petits enfants au cœur pur,
Que, dans les missels, Jésus laisse
Monter à sa robe d’azur.

Ils dansent. Inclinant leurs branches,
Des arbres qu’on ne connaît pas
Versent les fleurs rouges et blanches
Et l’ombre fraîche sur leurs pas.

Souriant d’un même sourire
Ils dansent… On sent après eux
Des parfums d’encens et de myrrhe
Flotter dans l’éther lumineux.

Florence-Ravenne, juillet 1883.