que je ne saurais te les dire. Souvent j’ai cru être déjà aux Iles, et parfois je vous ai revus, oui, tous les trois ; mais le Père et la Mère surtout, dans tous ces rêves, étaient vivants. Tu semblais, toi, à peine visible. Il me fallait aller vers toi, mais plus j’allais, plus tu devenais obscure.
« Et j’ai chanté, aussi, après avoir mangé l’herbe magique, des chants très beaux qui, dans la langue où nous parlions — ah ! il est des langues bien plus belles ! — pourraient, ou presque, se traduire ainsi :
« La plus grande porte s’est ouverte, et chaque étoile est une prunelle de Dieu ».
« Mais comment te traduire cela ? La langue que nous parlions n’est pas faite pour dire de telles choses.
« L’Homme apprend vite les nouvelles langues, et me les apprend à moi-même. L’ennui, c’est qu’à mesure que nous avançons nous les oublions presque toutes, et alors qu’en restera-t-il ? Il nous faudra revenir par les mêmes chemins…
« Notre amour, Geneviève, est quelque chose de grand. Il est la force qui nous mène aux Iles…
« Je t’écrirai encore, mais à chaque fois les lettres mettront plus de temps, et il faut vous attendre, un jour, à n’avoir plus de