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PASSAGE DE L’HOMME

entrer. Monsieur le Curé nous salua tous et puis il caressa le chien, je me rappelle, qui bondissait autour de lui, de deux petites tapes délicates de sa main courte et un peu grasse. Et il nous dit : « Mes bons amis, je ne veux pas vous déranger. J’étais passé, si vous permettez, pour causer un peu avec… — il hésita, pour chercher un nom, et il dit enfin : …avec l’Homme… Peut-être pourrions-nous sortir… » Monsieur le Curé regardait autour de lui et regardait aussi dehors : la grande pluie avait redoublé, l’eau giclait jusque dans la maison et il fallut fermer la fenêtre. Déjà le père ouvrait la porte de la grande salle, pensant que Monsieur le Curé et l’Homme y seraient plus tranquilles pour parler, lorsque l’Homme dit : « Monsieur le Curé, je ne sais pas si vous avez des choses à me dire et que personne ne doit entendre ; pour moi, je ne vois pas ce que j’aurais à cacher aux gens d’ici. Voilà six mois que je suis avec eux… » Monsieur le Curé répondit, piqué un peu, à ce qu’il me sembla, mais tout à fait maître de lui : « Mais mon ami, si vous le désirez… » La Mère alors s’avança vers l’Homme : « On sera aussi bien à côté ; vous, ici, vous serez plus à l’aise. » Et elle fit un pas vers la salle à manger où déjà, nous, les filles, nous entrions, lorsque l’Homme parla. Oui, l’Homme parla.