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PASSAGE DE L’HOMME

peut trouver qu’aux Iles. Il taillait cela dans le bois, et d’abord avec son couteau. Ensuite il se fit d’autres outils. Et d’autres encore quand il se mit à travailler la pierre.

Les « Choses des Iles » ne ressemblaient à rien. C’étaient des choses que l’on aimait à voir, qu’on aimait aussi à toucher, et qui étaient toutes pleines de joie. L’Homme nous disait : « Je voudrais faire des choses qui puissent guérir les maladies, des choses avec lesquelles on pourrait s’endormir, avec lesquelles, aussi, on mourrait très doucement, bien en paix avec le Seigneur. Les hommes n’ont fait, jusqu’à présent, dans nos pays que des choses qui disent la fierté : ils sont si fiers d’être des hommes. Je voudrais faire des choses qui soient comme leur agenouillement, comme leur merci et leur confiance. »

Notre maison se peupla de ces choses. Elles sont toutes détruites à présent. C’étaient des formes pures et libres, et chacune d’elles avait un nom. Un nom d’étoile. Ou bien des noms comme : La Première, ou Chant d’Alouette, ou Clair Printemps. Les plus belles formes même étaient sans nom, et, bien que d’un très grand mystère, ouvertes pourtant aux hommes et aux enfants.

L’hiver s’en vint. L’Homme remarchait, mais il boitait toujours et il fatiguait assez