Aller au contenu

Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
En Pleine Terre

Mon petit Jésus, bonjour !
mes délices, mes délices,
Mon petit Jésus, bonjour !
mes délices, mes amours.

J’ai rêvé, cette nuit,
que j’étais en paradis.
Mais ce n’est qu’un songe…

Soudain il se tait : l’enfant s’est déjà endormie. D’avoir cette fleur vivante, la chair de leur chair, accrochée à son cou, de regarder sa fière épouse accomplir pour leur joie à eux trois la besogne nécessaire, il tressaille de bonheur, d’un débordement de bonheur. Il voudrait en parler le surplus à Marie-Amanda, d’un parler franc, dans le droit fil de la vérité, mais il ne le peut pas. Toutes les choses qui rendent son sentiment fort et d’un grain serré sont liées à lui ; elles adhèrent à lui comme l’écorce à l’arbre, il ne saurait les détacher pour en faire des mots. Tandis qu’il s’assoupit à son tour, des images éparses voyagent dans les lointains de son rêve.

— Il neige à plein temps, remarque joyeusement Marie-Amanda.