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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/135

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En Pleine Terre

gneux aux bourrelets de verdure à mesure que le train avale la plaine étrangère, maigre, toute d’une venue ! « J’ai eu tort de céder », réfléchit-elle. Mais aussitôt elle repousse l’arrière-pensée. Vraiment des liens plus serrés doivent unir deux sœurs. À peine se voient-elles une fois l’an, à la fête du Calvaire et Élodie l’invite depuis si longtemps. Une fois de plus elle veut relire la lettre qui l’a décidée au voyage. De son réticule elle sort avec précaution une liasse de papiers si précieux qu’elle n’a pas voulu les confier au solide bahut du grenier.

— « Que je te plains », dit la lettre, « de vivre seule, enfermée toute l’année dans ton ancienne maison de pierres, si éloignée du chemin ! Quand tu auras vu notre cottage, tu ne voudras plus retourner au Petit Brûlé. D’abord nous demeurons sur la route nationale. C’est un va-et-vient continuel du matin au soir. Si je m’écoutais, je passerais mon temps à regarder passer le monde.

« Laisse-moi te dire que je ne manque de rien. Toutes les commodités, je les ai, jusqu’à un évier-cuve dans ma cuisine. Tu connais Hercule. Tout ce que je veux, il le veut. Il parle même de me donner un bain-tom-