tête rentrée dans les épaules et les mains enfouies dans ses manches, elle allait et venait sans cesse, tournant sur ses pas, pareille à une petite vieille égarée en chemin et qui n’ose s’aventurer trop loin.
— Cherchez-vous quelqu’un, la demoiselle ?
Elle sursauta. Les yeux égarés, elle regarda autour d’elle. Le vieux lui parlait ; il ne semblait pas malicieux. Toutefois, elle hésita avant de répondre. Les mots qu’elle s’était exercée à dire de façon naturelle et qui lui paraissaient presque faciles tout à l’heure l’étranglaient maintenant. D’une voix torturée, elle demanda :
— Vous auriez pas vu entrer à l’hôtel un grand rouge à tête frisée, qui a toujours une belle façon ?
Le vieux branla la tête :
— Pauvre demoiselle ! des têtes frisées, il y en a, à la douzaine sur la terre. Puis des gars avec une belle façon, à la veille d’une fête, c’est presquement rien que ça qu’il y a dans les hôtels. Et c’est pas tous des enfant-jésus-de-prague. Allez-vous-en donc dans votre maison. Votre place est là, ben plus qu’icitte.
Angélina rougit de honte. Mais l’homme vit une telle détresse dans son regard qu’il eut pitié d’elle.
— Si je le vois, votre rouget frisé, vous y faites dire quoi ?
— Qu’il est attendu au Chenal du Moine.