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Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/202

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LE SURVENANT

parc Sohmer fourni, et encombrés d’une joie inutile, ils errèrent sans but. La semaine entière, ils s’étaient préparés à une gaieté extraordinaire. Maintenant ne sachant à quoi l’employer, leurs cœurs s’en trouvaient comme endimanchés et à la gêne. Ils se campèrent en face d’une tente et se mirent à fumer leur pipe, en regardant à droite et à gauche, pour filer le temps.

Ce fut le Survenant, à force de s’extasier devant deux lutteurs en brayets, qui réussit à les défiger :

— Aïe ! regarde-moi les donc ! Si on dirait pas deux étalons : un claille et un percheron !

Sur une petite plate-forme, un homme qui devait cumuler les fonctions de gérant, d’arbitre et de bonimenteur, s’adressa à la foule :

— C’est le bon temps, les amis. Essayez vos forces. Entrez. Par ici, messieurs. Vous avez devant vous, Louis l’Étrangleur, le champion de la France, qui arrive d’une tournée en Europe et en Espagne, le champion qui a rencontré le fameux boucher de Toulouse, le lutteur mystère de Dieppe. Il a aussi terrassé le japonais Zatiasma de la Nouvelle Z’Irlande. Il serait capable de battre Cazeaux et Constant-le-Marin ensemble. Une piastre de la minute à qui de vous sera pas couché au bout de cinq minutes de lutte avec le meilleur lutteur non seulement de Montréal et des environs, mais de toute la province de Québec, y compris Sorel.