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Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/224

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LE SURVENANT

Si vous voulez, belle bergère,
Quitter champs et moutons blancs,
Beau rosier, belle rose,
Quitter champs et moutons blancs,
Belle rose du printemps.


Ce couplet fini, il n’alla pas outre. La figure enfouie dans le creux de son bras, il mima de grands sanglots. Quand il releva la tête, une larme scintillante au coin de l’œil, il éclata de rire, de sorte qu’on ne sut pas s’il avait vraiment ri ou pleuré.

Angélina, la première, parla de partir. Alphonsine ne chercha pas à la retenir. Elle avait hâte de se retrouver seule avec Amable. Un profond secret les unissait davantage depuis quelque temps : Alphonsine attendait un enfant. Amable avait voulu aussitôt annoncer la nouvelle à son père, mais la jeune femme s’était défendue :

— Non, non, je t’en prie. Gardons ça pour nous deux. Les autres le sauront assez vite.

Devant la grande gêne d’Alphonsine, sorte de fausse honte inexplicable, il avait résolu de se taire aussi longtemps qu’elle le désirerait.

Alphonsine s’empressa de dire à Angélina :

— Attends, je vas rehausser la lumière.

— Non, allume pas, supplia l’infirme. Il fait assez clair et j’ai ma chape à la main.