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Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/232

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LE SURVENANT

sur la butte… Mais quoi ? pas un brin de fumée autour de la cheminée ? Et des animaux erraient dans le jardin ? Didace qui s’était donné tant de mal à faire lever le blé d’Inde d’automne, difficile à obtenir, s’inquiéta :

— Quoi c’est que ça peut vouloir dire ?

Un air cru l’accueillit au seuil de la cuisine. Le poêle était mort. Et, dans la chambre voisine, Alphonsine et Amable dormaient encore. Didace étouffa de rage :

— Levez-vous, bande d’emplâtres ! Venez m’aider à courailler les vaches ! Les animaux sont en train de tout manger. Toute la terre s’en va chez l’yâble. Il nous restera plus rien. Ho donc ! Survenant ! Lève, Amable ! Ouste, là ! Z’Yeux-ronds !

Il chercha vainement le chien sous le poêle pour le lancer aux trousses des vaches et sortit en tempêtant :

— Ouais, un bon chien de garde ! J’vas t’apprendre avec le fouet à te conduire comme du monde, chien infâme !

Alphonsine, fort énervée, dit à Amable qui traînait encore au lit :

— Lève-toi, vite, je t’en prie.

Mais Amable prit son temps :

— Deux, trois vaches dans le clos, c’est pas la mort d’un homme.